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Emulation semaine 12 : trahison

 
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Dee
Ecrivain


Inscrit le: 10 Mai 2007
Messages: 40

MessagePosté le: Jeu Juin 05, 2008 8:09 am    Sujet du message: Emulation semaine 12 : trahison Répondre en citant

  période : 09/06/2008 au 15/06/2008
  
   thème : trahison
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brendigoo
Site Admin


Inscrit le: 06 Mai 2007
Messages: 55

MessagePosté le: Jeu Juil 10, 2008 7:26 pm    Sujet du message: C'est vain les Cévennes Répondre en citant

  La garrigue s'étendait à perte de de vue, sous le soleil écrasant de midi. Grégoire s'épongea le front pour la énième fois puis chercha désespérément un coin d'ombre, conscient qu'un quart-d'heure de plus passé dans cette fournaise et ses os iraient rejoindre le patrimoine du néolithique. En l'occurrence, c'était justement ce qu'il cherchait : un foutu site archéologique perdu au fin fond des Cévennes.
   Qu'est-ce qui l'avait poussé à accomplir cette escapade en pleine chaleur ? Sa fille, Laura, la chair de sa chair. Il la cherchait depuis que sa femme s'était enfuie avec, sans laisser de nouvelles, juste après une de leurs engueulades. Grégoire avait pleuré autant que lui permettait sa dignité de PDG d'une des plus grosses filiales de cosmétiques, c'est-à-dire fort peu en fin de compte, puis il avait utilisé tous les moyens possibles pour retrouver la trace de sa fille. Il avait eu recours a plus d'une dizaine d'agences de détectives, avait arrosé de pot-de-vins l'administration française, de la police à la gendarmerie. Il avait même mis sur écoute chacun des membres de la famille de sa femme. Mais sans résultats. Vingt ans après, tout espoir l'avait abandonné. Et voilà que deux semaines auparavant un détective, qu'il ne souvenait même pas avoir embauché, l'appelle et lui annonce tout de go :
   - J'ai retrouvé votre fille, Monsieur Losancourt. Elle a vécu aux États-unis pendant toute son enfance sous un faux nom. Elle effectue son stage de fin d'études en France. Votre fille est archéologue, ou tout du moins devrait l'être à la fin de son stage.
   Le détective avait continué en lui demandant de lui verser un acompte s'il désirait connaître l'emplacement exact du lieu de stage. 5000 euros. L'affaire semblait louche, mais comme Grégoire n'était pas à 5000 euros près et que l'espoir de cette annonce avait réveillé son ancienne frénésie, il avait effectué la transaction. Pendant deux jours, il avait maudit sa bêtise, persuadé d'avoir été la victime d'un escroc. Et puis, au troisième jour, à la nuit tombante, l'enveloppe l'attendait. A l'intérieur : une carte topographique avec des coordonnées.
   Ni d'une, ni deux, Grégoire monta dans son Land-Rover équipé d'un GPS. Il saisit les coordonnées et roula toute la nuit. Il annula tous ses rendez-vous avec son Palm, puis piqua un somme de quelques heures le matin, avant de finir son incursion dans le Gard. Il ne connaissait rien à la région, mais pour ce qu'il en voyait le coin était plutôt moche. Quelques herbes folles agrippées à des mottes de terres argileuses, du thym, des arbres noueux, ou des pins, avec leurs foutus épines, et ce soleil, une chape de plomb, qui cognait si fort que Grégoire se demandait s'il ne finirait pas par voir suer son cerveau par ses oreilles.
   Les coordonnées le menèrent à une zone désertique, un vaste plateau balayé par les vents. Il dût abandonner son Land-Rover pour se frayer un chemin à travers une sente qui serpentait entre des rochers. Il y avait sûrement un autre moyen d'arriver jusqu'au site de fouilles, mais Grégoire n'avait personne à qui poser la question. Dans sa précipitation, il n'avait même pas pris de gourde ni de chapeau. A onze heures, la terre chaude ondulait déjà sous le regard jaune du midi et les cigales semblaient narguer ce parisien qui faisait fi de tout bon sens. A onze heures trente, les piles de son GPS le lâchèrent. Grégoire hésita à faire demi-tour, mais il avait mémorisé la direction à suivre et il estimait n'être plus très loin. Aussi continua-t-il, sans même prêter attention aux premier signes de déshydratation.
   A présent, son visage rubicond aurait pu être confondu avec le derrière de quelque babouin, pour peu que l'on consentît à admettre qu'un babouin vivait dans le Gard et qu'il regardait avec ses fesses. Les pensées de Grégoire avait viré à l'obsession. Laura, sa fille, la retrouver, continuer. Ce leitmotiv l'exhortait à aller de l'avant et occultait complètement les facultés de cet homme d'affaire pourtant habitué à ne pas agir sans réfléchir. En fait, même un babouin aurait été plus clairvoyant.
  
   Il faisait frais. La température avait considérablement chuté. Une brise poussiéreuse faisait claquer le bas de la tente dans laquelle il se trouvait. Grégoire se releva, chancela un court instant, puis étudia les lieux. Un réchaud à gaz côtoyait à ses pieds un livre écrit en Anglais qui dépassait d'un sacoche. « Tales of the Grotesque and Arabesque », d'Edgar Alan Poe. Il l'ouvrit et étudia le marque page. Une carte postale du Delaware, qui était signée « Mom ». Il lisait la carte quand le rabat de la tente s'ouvrit et laissa pénétrer un flot de lumière orangée. Derrière la silhouette nimbée d'or, Grégoire aperçut des contreforts escarpés qui se détachaient au loin. Il nota aussi, beaucoup plus près, la présence d'une jeep, ainsi qu'une voix d'homme.
   - Vous avez l'air d'aller mieux, lui dit la jeune fille en souriant.
   Grégoire décrivit un quart de cercle pour se retrouver dos à l'entrée afin de mieux distinguer les traits de sa visiteuse. Les pommettes saillantes de sa mère, ses yeux à lui, d'un marron intense, le menton écrasé, les cheveux d'un blond cendré. Aucun doute, celle qui venait de rentrer dans la tente était bien Laura. Quelque chose dans son expression lui fit comprendre qu'elle devait le trouver louche. Il se forgea un sourire et passa sa main derrière la tête pour se donner un air détendu et un peu gêné.
   - Excusez-moi, je me sens un peu perdu. Je...je m'appelle Grégoire.
   Il lui tendit la main, qu'elle sera chaleureusement. Le contact de sa peau fit frémir Grégoire.
   - Moi, c'est Laura.
   Ils s'observèrent en silence. Elle l'appréciait. La suspicion qu'il avait sentit chez elle au début avait complètement disparut de son visage et un sourire franc illuminait ses traits. Grégoire se sentit déstabilisé. Tant d'années qu'il espérait revoir sa fille, et à présent qu'elle était là, en face de lui, il ressentait des émotions étranges. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais en même temps, ce n'était plus une gamine, mais une femme, et qui le l'avait jamais vu en plus. Il aurait tant aimé la serrer et lui embrasser le front, lui dire combien elle lui avait manqué et à quel point il l'aimait.
   - Je peux quelque chose pour vous ?
   La question le prit de court, mais il se ressaisit vite.
   - Juste me dire où je me trouve s'il vous-plaît ?
   Il discutèrent, seuls, dans la fraîche intimité de la tente. Laura lui expliqua comment ils l'avaient retrouvé, gisant inconscient près de leur bivouac. C'était Samy qui l'avait découvert, un jeune Canadien qui aimait se soulager face au vent du nord. Laura le présenta aux archéologues et lui fit le tour du propriétaire.
   - Alors Grégoire, lui demanda Roger, le plus âgé, qu'est-ce qui a bien pu vous amener à venir vous damner si loin du monde ?
   Il avait un fort accent anglais, avec peut-être des intonations irlandaises. Son haleine sentait le Scotch, ainsi que le pistou. Un curieux mélange qui désappointa Grégoire autant que la question. Il décida d'être franc.
   - Je suis venu retrouver quelqu'un.
   - Ici ? », s'étonna Samy. « A part nous et les lapins, y a pas grand monde dans le coin.
   Grégoire se tourna vers Laura.
   - Laura, je suis votre...enfin. Je suis votre père. Voilà.
   Samy éclata de rire, puis voyant que personne ne le suivait, se tut.
   - Je sais, répondit la jeune fille.
   Grégoire en fut abasourdi.
   - Je le sais depuis l'instant où Samy vous a ramené au camp.
   - Co...comment...
   - Vos traits.
   Elle sortit une photo de la poche haute de son blouson et la lui présenta. La photo avait jauni, mais il se reconnut sans problème. Avec sa coupe de Beatles et ses santiagues en cuir moulé, il avait une drôle d'allure sur sa première bécane, une vieille cent-vingt-cinq que son cousin lui avait vendue pour une bouchée de pain.
   L'expression de Laura avait changé. Son visage semblait plus sombre que tout à l'heure.
   - Je me suis également permis de fouiller votre portefeuille pour vérifier mon hypothèse. Je sais, ce n'est pas très correcte, mais quand on voit son père débarquer sans prévenir, après vingt ans d'absence, on préfère s'assurer soi-même que ce n'est pas quelqu'un qui vous joue un mauvais tour.
   Grégoire se sentit honteux. Pourtant il n'avait rien à se reprocher. Ce n'était pas lui qui s'était enfui, et il avait tout tenté pour la retrouver.
   - On va vous laisser discuter tranquillement, déclara Roger, qui ne sentait pas trop à sa place.
   Bientôt il ne furent plus que tous les deux. La nuit tombée apporta sa fraîcheur tandis que le chant des grillons pulsait sous les étoiles.
   Ils s'assirent ensemble, instinctivement. Laura pris sa grosse main dans la sienne et le regarda avec des yeux qui reflétaient le ciel et le feu de camp, derrière eux.
   - Papa, il faut que te dise quelque chose.
   - Je t'écoute.
   Laura sembla hésiter, puis elle se lança, et les mots claquèrent Grégoire comme un cinglant fouet.
   - Tu n'es pas mon père.
   Elle pleurait tout en continuant de le dévisager.
   Grégoire se demanda un instant ce que tout cela signifiait. Le soleil de cet après-midi devait lui chauffer encore le cerveau, parce qu'il ne se sentait plus capable de réfléchir. Tout était si confus. L'amour qu'il avait ressentit pendant ces vingts années d'attente, et cette tendresse qui l'avait assaillit tout à l'heure sous la tente.
   La question qui suivit finit de le désarçonner.
   - Est-ce que tu m'aimes quand même ?
   Comment répondre non ? Et pourtant, il se devait de réfléchir, car il sentait que de sa réponse dépendant beaucoup de choses.
   Des larmes perlèrent également à ses yeux, à mesure qu'il s'exprimait.
   - Je n'ai jamais cessé de t'aimer, Laura, et même maintenant que tu m'annonces que je ne suis pas ton père, je ne peux m'empêcher de continuer de t'aimer. Comment puis-je aimer une personne que je n'ai jamais connue ? Nous avons vécus à peine deux ans ensemble. Est-ce que je suis attaché à ton souvenir ? Probablement. Je ne sais pas. Mais tu ne me peux pas me demander d'effacer vingts ans de recherche, d'espoir et d'attente ?
   - Je ne te le demande pas.
  
   Grégoire demeura une semaine entière auprès de Laura. Les affaires s'emballaient et il fallait absolument reprendre les choses en main. Cette semaine fut peuplée d'instant d'éternité. Il n'essayèrent pas de rattraper le temps perdu mais firent tout pour profiter pleinement de cette semaine.
   Un soir, au milieu de tout ce bonheur, Grégoire demanda tout de même à Laura.
   - Dis-moi, tu avais m'a photo. Pourquoi n'as tu pas essayé de me retrouver ?
   Elle lui prit la main.
   - Parce que je pensais que tu me rejetterai en apprenant que je ne suis pas ta fille. Je n'imaginais même pas que tu puisse tenir à moi.
  
   Après son départ, Grégoire décida d'honorer son bienfaiteur. Il lui avait versé un acompte de 5000 euros, mais il lui en devait encore 15 000, maintenant que la rencontre avait bien eu lieu.
   Le détective lui donna rendez-vous près de la fontaine de la place Saint-Michel, à minuit, un Samedi.
   Grégoire était venu en avance. Il patientait, assis sur la margelle, le visage aspergé de bruine, quand une silhouette se dressa devant lui. En découvrant de qui il s'agissait, Grégoire manqua tomba à la renverse dans la fontaine.
   - Toi ! » réussit-il à articuler en pointant un index accusateur.
   - Grégoire, Grégoire, tu sais bien que ce n'est pas poli de pointer les gens du doigt.
   Nancy s'assit près de lui et lui demanda, au creux de l'oreille.
   - Tu as l'argent.
   - Oui, je l'ai, répondit-il en se levant, mais maintenant que je sais que c'est toi le détective, je ne suis pas près de te le donner. Tu peux aller au diable. Me tourmenter pendant vingt ans n'était pas suffisant, il fallait en plus que tu viennes m'extorquer de l'argent ?
   - Grégoire, j'ai besoin de cette argent.
   Il allait la couper, même elle poursuivit.
   - Laura est mourante. Elle a besoin de soins.
   Grégoire vacilla.
   - Pourquoi...comment. Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Je lui aurais fourni tous les soins dont elle avait besoin, elle le savait.
   Sa femme se releva et pausa une main sur son épaule.
   - Donne moi l'argent et je te dirai un dernier secret.
   Machinalement, tel un zombi, Grégoire sortit la liasse de billets de sa poche et la lui tendit.
   - C'est quoi ce secret.
   Nancy s'éloigna, et lâcha, avant de disparaître dans la foule.
   - Ta fille est déjà morte. Laura n'était pas ta fille mais quelqu'un que j'ai payé pour l'occasion.
   Le temps d'accuser le coup et de reprendre ses esprits, Grégoire tenta de la retrouver. En vain.
   Il porta la main à la poche qui contenait la liasse juste avant.
   - Au moins, j'ai eu l'impression de vivre avec ma fille pendant une semaine, se dit-il à lui-même.
   Puis il ajouta.
   - Salope.
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kilou
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Messages: 7

MessagePosté le: Lun Juil 28, 2008 12:24 pm    Sujet du message: j'adoreee!! Répondre en citant

  bah oui, quand c'est pas bien faut le dire mais quand ça l'est faut le dire aussi.
  tu ma fais quand meme beaucoup rire avec tes expression "made in rico".
  a+
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