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Esquisse - Eghen - scene1(bis)

 
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brendigoo
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MessagePosté le: Sam Nov 10, 2007 10:25 am    Sujet du message: Esquisse - Eghen - scene1(bis) Répondre en citant

  La tête de sa sœur explosa sous l’effet de sa contrariété. Le sang gicla dans la pièce et se répandit sur la marmite où le repas du soir mijotait à feu doux. Elle tenait encore dans ses mains le coutelas qui lui servait à décorer son arc court d’enluminures. De son cou béant jaillissait une fontaine rouge qui pulvérisait dans l’air des gouttelettes écarlates. La pluie grenat, chaude, d’une beauté sauvage, les bouts de cervelle luisants éparpillés sur les murs de la cuisine, l’odeur de safran mêlée à celle plus métallique de l’hémoglobine. Pour l’heure, Eghen n’avait pas conscience de l’horreur de la situation. Seul son aspect poétique lui parvenait.
   Sa mère ouvrit la porte et hurla :
   - Eghen !
   Elle se rua dans la pièce et se précipita vers la marmite brûlante qui débordait. Elle la déposa sur le support en céramique puis fit couler de l'eau froide sur ses doigts en feu.
   Elle se tourna vers Maeva et la morigéna.
   - La marmite déborde et tu restes là sans rien faire. Vous auriez pu vous brûler tous les deux. Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ?
  Maeva se frotta les tempes. Son regard passa rapidement de la marmite à sa mère, puis des murs à Eghen.
   - Ma …. ma tête…, se contenta-t-elle de dire en se massant le cou, encore incertaine de ce qui venait de se produire.
  Eghen cilla trois fois avant de s’évanouir brutalement.
  
   Quand il se réveilla, une forte odeur d’encens empestait et sa chambre se tordait de manière anormale, comme si on l’avait transportée à l’intérieur d’un estomac qui se convulsait. Un gros monsieur moustachu l’observait de derrière son monocle. Son haleine de vieillard lui parvenait en pleine figure. Eghen sembla déceler dans cette exhalaison la présence d’une dent gâtée ainsi que, peut-être, du saint-doux mélangé à de la vinasse.
   - Rien de grave, Madame Mildow, précisa le bonhomme à l’attention d’une silhouette floue qui se dessinait dans l’encadrement de la porte. Ce garçon a besoin d’un grand bol d’air frais. Si vous avez du temps emmenez-le faire une ballade en forêt. Ca le requinquera plus vite que n’importe laquelle de mes fioles. Ah, et tenez-le éloigné de l’atelier de votre mari. Les émanations du verni qu'il utilise ne sont bonnes pour personne.
   Il ébouriffa gentiment Eghen, avec ses doigts parcheminés, puis s’éloigna vers la porte.
   - Allons voir votre fille maintenant, si vous le voulez bien.
   La porte se referma et laissa Eghen seul avec sa nausée.
  
   Maeva était assise sur un guéridon face à la fenêtre ouverte de sa chambre. Une brise nocturne agitait délicatement ses mèches brunes. Les étoiles commençaient tout juste à pointiller le ciel de lumière, juste au dessus de l’auberge du Pourceau Gavé, qui se dressait de l’autre côté de la rue. Jeanne, la serveuse qu’elle connaissait bien, finissait de ranger les bancs à la lueur d’une chandelle. La première lune, Mordoine, brune, avec son bord droit croqué par un loup du firmament, venait d’apparaître à gauche de la flèche de l’Eglise du Tertre. Maeva entendait son père qui travaillait encore à l’atelier. Le bruit de son rabot montait jusqu’à sa fenêtre comme les stridulations d’un criquet citadin.
   Que lui était-il donc arrivé tout à l’heure dans la cuisine ? C’était comme si elle avait assisté à sa propre mort, mais sans aucune douleur. Comme si elle avait été en deux endroits à la fois. Une partie d’elle se trouvait dans son corps, consciente de la perte de sa tête, et l’autre contemplait la scène, à quelque mètres de là, avec un détachement qui faisait froid dans le dos.
   Eghen était resté là sans rien dire, à la dévisager – si l’on pouvait appeler les choses ainsi.
   Elle se prit la tête entre les mains, à la fois pour exorciser la folie qu’elle pensait insinuée en elle, et aussi pour s’assurer que cette dernière était toujours présente.
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