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Emulation semaine 9 : château

 
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ath
Ecrivain amateur


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MessagePosté le: Jeu Fév 28, 2008 9:46 pm    Sujet du message: Emulation semaine 9 : château Répondre en citant

  Date de début : 25/02/2008
  Date de fin : 02/03/2008
  Thème : château
  Taille min : 1 page A4
  Taille max : 2 pages A4
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brendigoo
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MessagePosté le: Sam Mar 22, 2008 12:16 am    Sujet du message: Château, oh, noir Château, honni par tous les miens. Répondre en citant

  Le vent grondait, alors qu'il achevait son interminable remontée de la muraille, commencée des milliers de kilomètres plus bas. En se libérant juste à mes pieds, au bord du parapet sur lequel je me dressai, les bourrasques tiédies par la roche escaladaient mon visage pour y déposer des senteurs venues d'ailleurs. Leur violence me contraignait à plisser des yeux, et ma cape ainsi que mes cheveux claquaient follement. Le parfum de la liberté m'arrivait par bouffées entières.
  A mes pieds, des moutons de nuages rosis par le soleil déclinant se détachaient sur un ciel céruléen. Le tapis de brume opaque qui s'étendait devant moi donnait l'impression de n'avoir qu'à sauter pour fouler cette mer vaporeuse, mais le trou dans les nuages créé par le vent qui remontait l'a-pic vertigineux dévoilait à mes pieds un vide immense, jusqu'à perte de vue.
  J'avais longuement hésité avant de me rendre ici, mais maintenant que j'y étais, même si, au bout du compte je savais que je finirais torturé pour mon audace, et que je serais sûrement exposé sur la place publique, le foie rongé par les corbeaux de la Magélande, les yeux crevés et ruisselants de pluie, maintenant que mon âme s'ouvrait au chant du monde, à cette beauté brute qu'aucun de mes contemporains n'avait jamais vue avant moi, mes yeux pleuraient de joie, et je brûlais d'une joie fiévreuse d'aller clamer la vérité sur les places du Château, d'exhorter les foules à se lever en masse pour s'arracher au joug millénaire pour, comme moi, goûter, ne serait-ce qu'une seule fois, à ce nectar défendu. Il y avait une vie en dehors du Château.
  
  Ma soeur avait tout tenté pour me décourager d'entreprendre cette aventure. Elle avait même menacé de me dénoncer, arguant que le châtiment sanctionnant mon intention serait préférable aux tortures qui m'attendaient si je parvenais à franchir le Pont. Finalement, j'avais revu ma stratégie, même si je savais qu'elle m'en tiendrait grief pour le restant de ses jours. Un mois passé à ne plus parler de mes projets, quelques mots griffonnés sur mon carnet intime prouvant que je tenais plus à la vie qu'à assouvir ma curiosité, et la propre curiosité malsaine de ma soeur avait fait le reste. Le sourire satisfait que j'avais surpris sur ses lèvres le lendemain me confirma qu'elle avait bien lu mon carnet à la dérobée.
  
  Je tournai la tête pour regarder derrière moi. Ils arrivaient, par centaines, flottant dans les airs, telle une horde de morts-vivants grimaçant, leur coursier humain juste au-dessous. Mon regard s'attarda un peu sur eux, sans plus de crainte que celle que me témoignait mon estomac douloureux, puis, sachant que je n'y pouvais rien de toutes façons, je levai les yeux et examinai le Château qui se dressait derrière le Pont. Une montagne de nuages noirs déversait un rideau de pluie si dru que le donjon, qui s'élevait pourtant sur plusieurs kilomètres, ne me présentait qu'une silhouette malingre et indistincte. D'ici, par contraste avec les merveilles auxquelles je tournais le dos, le Château avait quelque chose d'effrayant. Les toits pentus des maisons agglutinées tapissaient l'horizon comme des écailles sur la peau d'un lézard, et les allers-retours des remparts dessinaient le squelette d'une créature pierreuse, une sorte de golem vautré sur un monceau de boue, la gueule grande ouverte pour collecter dans ses ruelles étroites les épaisses gouttes de pluie qui tombaient sans discontinuer. A l'idée de la vie que j'avais passée là-bas, je sentis l'angoisse comprimer ma poitrine. Je refoulai sèchement le sentiment d'oppression qui m'envahissait, et essayai de ne pas penser à ma famille que j'avais abandonnée.
  Je songeai aux Gardiens, aux mythes qui les enveloppaient, à mon histoire, et celle de tout un peuple. Mon peuple.
  Tout le monde craignait les Gardiens et pourtant, personne ne les avait jamais vu. Quand le roi condamnait un coupable à mort, les geôliers l'emmenaient dans les entrailles du Château, là où les gardiens lui réservaient un sort pire que la mort. Même la Magélande, qui frayait avec les forces occultes, se signait quand quelqu'un évoquait le sujet. A la fois croquemitaines, consignés dans les livres depuis des siècles, et figures divines à vénérer dans les sept temples qui leur étaient consacrés, les Gardiens siégeaient dans l'inconscient collectif, aussi ancrés que la serre d'un aigle peut l'être à sa proie. Bon nombre d'expressions les mentionnaient, tantôt pour évoquer la puissance divine ou la fatalité, tantôt pour menacer les enfants retors.
  J'ai toujours fait attention à éviter les ombres de la lune et à ne pas lever la tête avant de m'endormir. Des gestes superstitieux, que j'exécutais tous les jours, comme la plupart des gens, et nul n'aurait songé à me railler tant ces précautions d'usage semblaient fondées pour tout un chacun.
  J'ai pourtant fini par les voir, ces Gardiens, et par découvrir ce qu'ils gardaient si jalousement. Je suis différent des autres. Dois-je me considérer comme un élu, une inconnue dans leur programme si bien réglé, ou bien m'observent-ils d'une façon que je ne soupçonne pas et ne suis-je, tout compte fait, qu'une nouvelle expérience dont ils se délectent ? Je préfère penser que j'incarne la liberté. J'aurais bien été celle des autres aussi, mais je crois que je vais me contenter d'être ma propre liberté. C'est toujours mieux que rien, et puis, je n'ai jamais eu le goût des faits héroïques. Pourtant, je vais mourir. C'est maintenant une chose que je tiens pour acquise. Mais que puis-je faire de mieux que de mourir et d'emporter avec moi ma liberté ? Les autres n'auront pas cette chance.
  
  Je me rappelle l'éveil de mon don avec une intensité qui me glace encore les os, tant le choc qu'il provoqua en moi était inattendu et effrayant. J'avais quinze ans. Ma mère m'avait envoyé chercher de la laine dans la citadelle marchande pour son ouvrage. Comme je n'étais pas particulièrement pressé, je décidai d'emprunter les souterrains pour me divertir. Les champignons luminescents qui tapissaient les longues galeries à provision firent ressurgirent les rares moments de bonheur que j'ai connus enfant. Ayant grandi dans l'obscurité du Château, sous l'épaisse voûte nuageuse, la première fois que j'ai contemplé ces vastes couloirs illuminés, leur image s'est gravée dans ma mémoire comme celle du bord du monde s'inscrit à présent dans mes mirettes incrédules. Dans ces kilomètres de galeries où poussaient les herbes et les champignons sélectionnés par la Magélande, certaines sections abritaient le bétail. Les créatures, chétives et aveugles, fournissaient les maigres portions de viandes auxquelles nous avions droit.
  Mon don se manifesta dans un de ces enclos. Si le bétail appartenait au roi, des marchands privés l'achetaient et le revendaient. La salle grouillait d'agitation, chargée de l'odeur des excréments d'animaux, et saturée par les cris des marchands pressés autour des barrières, qui essayaient d'obtenir la plus belle bête. Ma petite taille ne me permettait pas d'apercevoir les animaux, aussi montai-je sur des caisses empilées.
  C'est alors que je les vis.
  Des centaines de filaments reliaient chaque marchand à une silhouette spectrale qui flottait au-dessus, à moins d'un mètre. Je ne m'y attendais tellement pas que je fermai les yeux puis les ouvris à plusieurs reprises, pour m'assurer que je ne n'avais pas pris un mauvais coup sur la tête. Les créatures étaient toujours là, translucides et ascétiques, avec des tendons visibles sur leurs os iridescents, et des rictus à vous retourner l'âme avec un couteau. Parfois l'un des spectres ricanait et tirait sur un des fils. Le marchand concerné levait alors la main et annonçait un prix ou proférait un juron creux. Pris d'une subite angoisse, je réalisai qu'une telle créature devait se tenir juste au-dessus de moi. Je regardai d'abord mes mains, puis, levai doucement les yeux vers le plafond. Rien. Aucun spectre ne se servait de moi. Je me demandai alors si seuls les marchands dépendaient d'un spectre. Je me rendis vite compte que j'étais le seul à échapper à cette servitude invisible.
  J'examinais les spectres en détail quand l'un d'entre eux, apparemment surpris, me dévisagea. Je feignis de ne pas m'en apercevoir. Mon regard glissa vers un autre point et je fis mine d'admirer les stalactites de la galerie. La créature se désintéressa de moi au bout de plusieurs minutes. Ses orbites dépourvus d'œil hérissèrent les poils de ma nuque pendant tout ce temps.
  
  Je vécus alors plusieurs années, avec la vision de ces spectres terrifiants, qui manipulaient les propres membres de ma famille. Je ne sais toujours pas s'ils lisent nos pensées ou se contentent d'émettre des suggestions que nous suivons inconsciemment. Mais une chose est sûre, nous sommes leur unique passe-temps. Je me demande encore s'il s'agit de parasites évolués, ou d'une espèce extraterrestre venue nous coloniser il y a des milliers d'années. Pourquoi aucun spectre ne me dirige ? C'est toujours un mystère. Peut-être il y en a-t-il un, tout compte fait, mais mon don ne me permet pas de le voir ?
  
  J'entendais à présent les hurlements inhumains de la horde qui déferlait sur moi. Dessous, les gardes du roi, aussi colossaux que dénués de la plus petite parcelle d'intelligence, se ruaient vers mon promontoire avec la ferme intention de me ramener, sans ménagement, vers le cachot que je n'aurais jamais dû quitter.
  Le premier essaya de m'empoigner les jambes, tandis que son Gardien tirait sur ses filaments avec force. Je sautai lestement et lui décochait un coup de pied dans la mâchoire. Il ne recula presque pas, bien que ma botte lui ai défoncé toutes les dents du bas, et il ne hurla pas non plus. Il cracha du sang et tenta à nouveau de m'agripper. D'autres se joignirent à lui.
  Je reculai et me laissai choir dans le vide.


Dernière édition par brendigoo le Dim Oct 16, 2011 5:45 pm; édité 2 fois
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ath
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MessagePosté le: Lun Avr 14, 2008 8:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

  La brume semblait coller au sol comme un tapis de laine à même l'herbe entourant les douves. Cela me donnait envie de rejoindre immédiatement mes soeurs dans notre alcôve pour retrouver la tiédeur de leurs corps et leurs ronflements rassurants.
  Mais ce matin je devais me lever plus tôt pour rejoindre Rodolphe, je devais l'accompagner durant son rendez-vous galant avec sa promise Isaire.
  Cela ne me plaisait pas beaucoup de jouer les espionnes mais maman avait des doutes profonds sur ses résistances au sexe faible et je ne pouvais pas la rassurer sur ce sujet, connaissant trop bien les frasques précédentes de mon frère.
  Je tapais donc à sa porte. Il bénéficiait d'une chambre pour lui seul étant le seul fils et de plus l'aîné de la fratrie.
  J'étais la plus vieille de mes soeurs de mon coté et ce placement en tête de fratrie nous rapprochait de par l'âge et de par le responsabilité que cela entraînait.
  Enfin, être son chaperon était très désagréable à mes yeux mais pas autant qu'aux siens. Il avait hurler durant tout le repas, prétextant que c'était une tentative de ma mère pour le faire passer pour un idiot incapable de se contrôler et un simplet à la botte de sa soeur cadette. Un homme ne devait pas être sous la coupe d'une femme, il serait la risée de tout ses camarades et tout ce qui s'en suit.
  C'était loin d'être faux, mais maman refusa de changer d'avis.
  
  Toujours est-il qu'au résultat, ce matin j'étais nommée surveillante.
  Il ouvrit la porte au bout de cinq bonnes minutes après que j'y ai tambouriné, l'oeil noir et la lèvre boudeuse.
   -»Et voilà la garde, ravi de te voir Jeanne, et avale moi ce sourire moqueur, ta présence suffit à me couvrir de honte.»
  Je m'empressais de prendre un air plus sérieux même si je savais que rien ne saurait adoucir cette torture et surtout pas ma compassion.
  
  -»Bon on se dépêche, on va voir ta dulcinée et on revient dès que vous aurez fini de faire le tour du parc, ordre de maman.
  Il me bouscula pour passer et se pressa vers les escaliers et murmurant dans sa barbe des insanités que je connaissais par coeur.
  Visiblement il comptait me semer mais je connaissais trop le château pour me faire avoir, je pris un raccourci pour rejoindre les appartements d'Isaire et sa famille et il fut surpris de me voir l'attendre devant la porte.
  
  -»Avoues que tu y mets de la bonne volonté, tu aimes porter la culotte n'est-ce pas? Est-ce que c'est pour ça que les parents ne veulent pas encore te marier, ils ont peur que tu dévores ton promis... Comme c'est parti, maman et toi allez réussir par faire de moi votre entrée. Des fois je comprend pourquoi papa est toujours à la caserne, même pour y dormir, les femmes sont des sangsues. Il n'y a bien qu'Isaire pour me faire changer d'avis.
  
  Le banc sur lequel je m'étais installée se trouvait à 20 pas de mon frère et de sa victime. Enfin c'était à se demander qui était la proie vu les oeillades que sa dinde lui lançait.
  Visiblement les garçons perdaient tout sens commun devant les filles au décolleté profond et je notais l'information, me promettant de m'en servir à l'occasion. J essayais de ne pas les observer et de me concentrer sur le massif en face de moi et cela semblait bien plus difficile qu'il n'y paraissait, j étais trop curieuse pour ne pas jeter de temps en temps un petit coup d'oeil à Isaire.
  J avais tant à apprendre d'une jeune femme qui savait réduire en bouillie la raison de mon frère, alors qu'il était loin d'être un idiot en dehors de sa présence.
  Elle se leva enfin, faisant mine de vouloir prendre congé mais Rodolphe réussit à la retenir encore un moment avant qu'elle ne s'en aille en m'adressant personnellement un signe de tête, l'air amusée par ma présence.
  
  
  Mon frère ne pris pas la peine de m'attendre pour rentrer chez nous et sur le chemin je réfléchissais à ce que je venais de voir.
  Peut-être que cette séance d'espionnage n'était pas ce qu'elle pensait, sa mère avait sûrement eu une autre idée derrière la tête: lui apprendre à mettre la main sur un homme... Qui s'était alors trouvée dans une position honteuse? A vrai dire elle se refusait maintenant à répondre à cette question.
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Dee
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 2:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

  Trois paires de petits pas se lancèrent à l’assaut d’une colline verdoyante. Le sentier était étroit, entretenu uniquement par les allées et venues de quelques curieux. Il suivait la rive du Loch Awe jusqu’aux ruines d’un antique château.
  Tout à leur course les enfants devaient slalomer entre les abeilles butinant et lutter contre les petits cailloux qui se dérobaient sous leurs souliers pressés. Ces jeunes aventuriers ne redoutaient ni le soleil de juin ni la fatigue.
  Les garçons jouaient des coudes pour arriver le premier aux portes du château de Kilchurn. Innes, quant à elle, faisait de son mieux pour ne pas se laisser distancer.
  Aucune de ces têtes blondes ou brunes ne se tourna un instant vers le loch miroitant dont la beauté avait bercé leur enfance écossaise. Haletants ils atteignirent rapidement leur but. En guise de portes le château n’arborait plus qu’un pan de muraille affaissé. Sa tour se dressait encore fièrement vers l’intérieur des terres mais son enceinte était ouverte à la contemplation des eaux.
  
  Kennedy poussa un cri de victoire et sautilla joyeusement dans les ruines qu’il avait conquises le premier. Ses deux cadets observèrent un silence révérencieux et réparateur mais gardèrent le front haut par fierté de ne pas avoir cédé de terrain au garçon de 12 ans.
  « Si on essayait d’escalader le muret du donjon pour atteindre l’étage ? » demanda Colin, le visage encore enflammé par sa course.
  « Je suis arrivé le premier donc c’est moi qui choisit ce qu’on fait aujourd’hui. Et puis vous êtes trop petits pour grimper sur le muret sans vous casser le cou. »
  Les deux autres n’échangèrent pas un regard, mais un chorus de soupirs accueillit le ton régalien que prenait Kennedy, confirmé dans son titre de chef pour la journée.
  « Aujourd’hui c’est jour de chasse au trésor » ajouta le jeune despote.
  « Nan Ken, tu veux toujours qu’on fasse une chasse au trésor.
  - On a déjà retourné la moitié des pierres de ces ruines, ajouta Innes.
  - On fait autre chose, insista Colin.
  - Aujourd’hui vous m’appellerez Messire Kennedy, jeune Colin et vous serez mon écuyer. » Ainsi fut rabroué le jeune rebelle. « Lady Innes s’il vous plaît de guetter les invasions vikings ou d’aller nous puiser de l’eau plutôt que de vous livrer au dur travail qui nous attend je n’y vois pas de problème.
  - Va au diable, Ken. Je ne vais pas m’asseoir sur un caillou à vous regarder fouiller les ruines toute l’après-midi.
  - Bien, vous vous joignez donc à nous. Mais séparons-nous pour l’instant. Je vais fouiller le donjon. Colin tu fouilles les basses fosses. Lady Innes vous trouverez peut-être quelque chose d’intéressant le long de la muraille qui donne sur le lac.
  - Je préfère fouiller les fosses avec Colin, répliqua une Innes peu rassurée d’approcher du vieux loch toute seule.
  - Il n’est pas correct pour une dame de fouiller les fosses. Pensez que nous y retenons toujours prisonnier un des Pictes de la dernière invasion. S’il n’est pas déjà mort, vous y trouverez sa carcasse pourrissante. »
  Innes se rapprocha d’un pas de son frère Colin, les images décrites par Kennedy se formant dans son esprit.
  « Je préfère un Picte qui pourrit que les monstres du Loch. Je veux être écuyer moi aussi.
  - Il n’y pas de monstre dans le lac, Innes.
  - La dernière fois Ken nous a raconté qu’il y a des serpents géants qui vivent dans le fond du lac et que leurs petits viennent se nourrir sur les berges.
  - C’est juste une histoire. Comme celle de Messire Kennedy qui a repoussé les Anglais la semaine dernière.
  - Je les ai repoussés, jeune Colin. Moi qui comptais vous adouber chevalier très bientôt, je suis déçu de vos affronts. Très bien Lady Innes, vous pouvez accompagner votre frère mais ne viens pas te plaindre si tu trouves des bêtes dans les fosses ! »
  Sur ce Messire Kennedy de Kilchurn leur tourna le dos et prit la direction du donjon.
  
  Difficile de distinguer les basses-fosses dans l'imbroglio de pierres et de terre qui occupait l'enceinte branlante du château et que la végétation avait recouvert depuis plusieurs siècles déjà. D'un commun accord la zone la plus sombre et la plus humide des ruines avait reçu cette désignation. Il ne fallut que quelques minutes avant que les chaussettes de laine grise et les souliers noirs des explorateurs ne soient constellés de traces de boue. Colin était le plus rapide à se souiller, arpentant d'un pas vengeur la turpitude des fosses, piétinant les squelettes de guerriers vaincus et abandonnés dans les cachots.
  "J'en ai marre d'être l'écuyer de Messire Ken. C'est toujours lui qui décide et qui joue les princes.
  - Forcément c'est lui qui connaît les histoires et qui lit les livres de son grand-père.
  - Il n'y a pas que les histoires qui comptent. Je suis aussi courageux que lui. Et si j'avais la même taille, ce serait moi qui arriverait en premier au château."
  Lady Innes se laissa tomber les deux pieds dans la boue, maculant ses jambes jusqu'aux genoux et l'ourlet de sa jupe. Elle marchait dans un bruit de succion, regardant ce que la terre visqueuse révélait à chacun de ses pas. Colin arpentait la zone d'un air distrait, le regard attiré par le donjon non loin.
  "Regarde je crois que j'ai trouvé quelque chose !" La noble dame n'hésita qu'un instant avant de plonger ses doigts dans la boue. Quelques frottements révélèrent un objet rond et métallique terni par les siècles. "On dirait une médaille." Son frère ne se retourna même pas. "Regarde Colin je crois que c'est une amulette. Peut-être qu'elle est magique !
  - Je suis sûr que je peux grimper dans le donjon."
  
  Ni une ni deux, le jeune écuyer s'arracha à la terre noire pour remonter vers la tour. Lady Innes s'empêtra un peu plus et ne le suivit que de loin, serrant toujours au creux de sa main le trésor découvert. Il était l'heure pour un jeune héros de montrer son courage et de prouver sa valeur. La boue attachée à ses semelles le tint tout d'abord en échec, le faisant glisser sur les pierres grises, écorchant ses genoux. Qu'à cela ne tienne, aucune larme à ses yeux, le jeune Colin essuya la terre traitresse sur l'herbe grasse avant de reprendre l'ascension du muret.
  "Colin descends ! Tu vas tomber ou le château va s'écrouler sur ta tête !
  - Je peux le faire, j'y suis presque."
  Dans son sillage quelques éclats de pierre se détachèrent du mur asséché. Porté par sa bravoure et soutenu par le balancier de ses bras écartés, le garçon poursuivit son avancée. La plateforme ouverte, dernier vestige du premier étage du donjon, n'était plus très loin. Restait encore toutefois une volée de pierres peu amènes à gravir et qui ne l'amènerait qu'à un espace vide entre le muret et le donjon. Le garçon s'aidait maintenant de ses mains pour progresser sur quatre points d'appui. Ces pierres inatteignables jusqu'alors étaient recouvertes de mousse et l'avancée se faisait plus glissante.
  "Colin !" Le cri d'Innes était cette fois plus perçant et marqué d'une panique sous-jacente. Entre ses mains serrées et blêmes, la petite fille blonde murmura à son amulette des prières destinées aux fées. Protégez mon frère, esprits et nymphes, il est aussi stupide que courageux.
  Attiré par les cris d'Innes, Kennedy pressa son tour du donjon et s'approcha l'épée au clair.
  "Mais qu'est-ce qu'il fabrique ? Colin, tu n'as pas le droit de monter !
  - Il ne veut rien écouter."
  Le jeune écuyer avait réussi à se dresser sur la dernière pierre, celle qui était la plus proche de la plateforme. Un saut de puce le séparait maintenant de son but mais il surplombait une salle haute qui tenait guise de sombre précipice. Les bras de nouveau en balancier il mesurait son équilibre et son élan. Vu du pied du mur il montrait tous les signes du saut de l'ange. Kennedy remit sa lame au fourreau et se lança à son tour dans l'ascension, son poids plus important déchaussant autant de pierres que son écuyer.
  "Même si tu réussis, qui te dit que la plateforme ne va pas s'écrouler sous toi ?
  - Je vois quelque chose près du mur du fond", commenta Colin du haut de son perchoir, ignorant la peur de ses compagnons. Kennedy n'était plus très loin derrière. Il avait lui-même tenté plusieurs fois l'ascension du muret et avait toujours reculé devant le gouffre qu'il fallait finalement franchir.
  "Colin donne-moi la main !" Mais le garçon l'ignora et tout à son intérêt pour la chose que son regard devinait dans les tréfonds du donjon, s'élança avec toute l'énergie de la curiosité.
  
  La semelle qui ripa contre le rebord de la plateforme arracha un cri à Innes. Un des genoux de Colin paya de nouveau le prix de son courage. Mais le garçon avait réussi son défi et se dressait maintenant à l'étage du donjon qui semblait endurer courtoisement les pas de l'aventurier. Kennedy qui se dressait désormais à son tour en haut du muret ne trouvait, pour la première fois, plus mots à souffler ou à crier.
  Colin ne s'attarda pas sur son fait d'armes et partit en exploration de ce nouveau domaine dont il était maintenant le chef proclamé par droit de conquête. Ses pas dérangèrent poussière et cailloux jusque là laissés tranquilles. Son regard suivit les tiges du lierre qui étaient désormais les seuls ornements à parer les murs mais revint bien vite sur l'objet qui avait le premier attiré son attention. Près du mur du fond une ombre se découpait sur la muraille.
  "Qu'est-ce que c'est ? questionna un Kennedy qui observait son camarade avec jalousie.
  - On dirait un trône.
  - Un trône ?
  - Un trône de pierre."
  Il n'en fallait pas plus pour vaincre les dernières peurs de Messire Ken. S'il y avait un trône quelque part, il lui revenait. Après un essai chancelant retenu in extremis, il trouva l'élan pour bondir à son tour sur la plateforme. Sa stature plus élancée lui évita les peurs et les cris, mais il avança tout de même à pas mesurés de crainte que la plateforme ne supportât pas le poids de deux explorateurs. Lorsqu'il rejoignit enfin Colin, celui-ci siégeait déjà et contemplait son nouveau royaume.
  "C'est magnifique !" s'exclama le prince aux cheveux d'or, une expression émerveillée sur son visage.
  "Qu'est-ce que c'est ?" demanda Innes qui s'était perchée sur un autre pan de muraille pour pouvoir les observer.
  "Que voyez-vous Messire Colin ?" questionna son compagnon avec quelques réticences devant ce titre nouveau mais mérité.
  Colin, trônant toujours, se tourna vers lui. Messire Kennedy malgré sa contrariété avait fière allure dans ses couleurs bleu et noir, une magnifique épée au fourreau ciselé à son côté. Sous leurs pieds un riche tapis ornait désormais le sol de la salle du trône. Ses murs se dressaient fièrement et le lierre avait laissé place à des tapisseries aux nymphes bucoliques. Le jeune souverain dévorait ces merveilles des yeux mais eut le souffle coupé lorsque son regard tomba sur un portrait de famille. Il y était lui-même représenté ainsi que Lady Innes qui arborait une robe de couleur sable digne d'une princesse. Derrière eux se tenaient leurs parents tous deux couronnés d'emblèmes royaux.
  A mesure que Colin lui décrivait la scène, Messire Kennedy se tenait de plus en plus droit, jusqu'à bomber le torse lorsqu'il se vit donner le titre de Sénéchal du domaine de Kilchurn.
  "Colin qu'est-ce que tu fais ?" cria Lady Innes qui se sentait délaissée par cette contemplation. Lorsque Sire Colin quitta son siège pour s'approcher de la meurtrière qui donnait sur le loch, Messire Kennedy mit un genou à terre. Le jeune prince pouvait maintenant voir sa royale sœur sur le chemin de guet, la brise jouant avec sa chevelure et la chainette de son amulette. Les oriflammes claquaient au vent et la cloche du port retentissait pour annoncer l'arrivée d'un esquif.
  "Descends maman veut qu'on rentre pour le goûter." Même un prince doit s'incliner devant certaines obligations royales.
  
  Invité à partager la collation Messire Kennedy s'apprêta lui aussi à descendre du donjon. Quelques glissades, cris et frayeurs plus tard, trois paires de petits pas arpentaient de nouveau le sentier.
  "Tu sais ton amulette elle ressemble beaucoup à une vieille pièce de six pences toute noircie, commenta Messire Ken sur le chemin du retour.
  - C'est une amulette et grâce à elle les esprits ont sauvé Colin.
  - Il y a Georges III sur ton amulette Innes.
  - Et ton épée alors, Ken ?"
  Messire Kennedy se redressa, la main sur la garde de son arme et poursuivit son chemin en silence en direction du village de Lochawe.
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Dee
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 2:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

  Notes préalables à la rédaction pour information, sont omises les recherches sur le site géographique prises en notes manuscrites :
  
  Des enfants écossais au début du siècle. L'héroïne est la petite fille du manège. Elle a deux compagnons de jeu
  Ils se réunissent autour des ruines du château où ils aiment bien jouer, se prenant pour des chevaliers et des princesses, pour des fées et leurs prisonniers ou de vaillants écossais tenant tête à l'envahisseur anglais.
  Un jeu de chasse au trésor est organisé.
  Un des enfants trouve une épée merveilleuse, la fillette trouve une amulette précieuse, le troisième trouve un trône et lorsqu'il s'assied dessus il voit ses compagnons en tenue de chevalier et de noble dame, le château s'élève de nouveau, il aperçoit les bateaux mouillant au port et le portrait de son père est accroché au mur.
  « It looks a lot like a 6 pence to me.
  - It's not. What about your sword then ? »
  
  Innes
  Colin
  Kennedy
  
  ruines du Kilchurn Castle sur les rives du Loch Awe près du village de Lochawe, Est de l'Ecosse.
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